La médiation animale

Qu’est-ce que la médiation animale ?

La médiation par l’animal est une relation d’aide mettant en présence des animaux sélectionnés et éduqués et des publics dont les besoins nécessitent un accompagnement, afin de susciter des interactions positives. Elle apporte bien-être, apaisement, et vient en renfort et appui de thérapies et suivis individuels ou collectifs.

Qu’apporte la médiation animale ?

La médiation animale permet d’obtenir des effets positifs sur le plan physique, psychologique et social, l’animal agissant comme un facilitateur : il ne juge pas, l'interaction Homme-Animal permet à toute personne, fragilisée (temporairement ou durablement) ou ayant besoin d’être accompagnée, de puiser dans ses ressources propres et de s'investir dans une relation sincère et privilégiée.

Ainsi, la médiation animale apporte bien-être et apaisement (baisse de la tension artérielle, de la fréquence cardiaque, …), permet un travail sur les émotions, la valorisation et l’estime de soi, la concentration, la communication, la cohésion de groupe, elle favorise l’autonomie et sert ainsi le quotidien (motricité, élaboration de consignes simples ou complexes, éducation au vivant, …).


La médiation animale est-elle un concept récent ?

Si le terme de médiation animale est devenu plus familier au cours de ces dernières années, le concept associant les animaux au mieux-être de bénéficiaires n'est pas si récent et commence à être attesté dès le 9ème siècle : une première expérience autour du lien unissant l'homme et l'animal dans le domaine de la santé humaine voyait le jour à Geel (Belgique), où des animaux étaient confiés à des patients souffrant de « maladie mentale ».

Au 18ème siècle, à York Retreat (Angleterre), William Tuke travaille sur l'amélioration du traitement des malades mentaux par le biais de nouvelles méthodes plus douces que celles pratiquées à l'époque, dont les prémices de la thérapie par l'animal : il démontre que le fait de s’occuper d’animaux améliore la concentration et les sentiments de responsabilité et valorisation de patients déficients intellectuels. Les animaux sont décrits comme des facilitateurs de la communication et de capacités sociales.

Au 19ème siècle, les témoignages issus de soignants s'accentuent : Florence Nightingale, infirmière en hôpitaux de campagne (guerre de Crimée), constate que des animaux de compagnie pouvaient aider à remonter le moral des soldats en convalescence ; tandis qu'en Allemagne, au sein de l’institution Bethel, de petits animaux étaient confié à des patients épileptiques pour améliorer leur état mental.

Le 20ème siècle voit se multiplier les témoignages et travaux : le Elizabeth’s Hospital de Washington (Etats-Unis) utilise avec succès des chiens pour les patients atteints de troubles psychiatriques consécutifs à la Première Guerre Mondiale ; durant la Seconde Guerre Mondiale, le personnel de l’hôpital militaire de Pawling, un centre de convalescence de l’armée de l’air de New York, intègre des animaux pour contribuer à accélérer la guérison des blessés.

Dans les années 50, c’est avec le pédopsychiatre Boris Mayer Levinson que naît officiellement la thérapie assistée par l’animal sous le nom de Pet Facilitated Psychotherapy. A l'occasion d'une consultation avec un enfant autiste, et alors que Levinson avait par hasard son chien à ses côtés, il constate que l'enfant, qui souffrait de troubles de la communication, se met à communiquer avec le chien. Après avoir réitéré l'expérience avec d'autres patients, il constate les mêmes effets. Il venait de démontrer que même si l’animal n’était pas un thérapeute proprement dit, il était capable de détendre les patients, de les encourager à s’exprimer et à parler avec moins de réticences.


S'en suivront alors de nombreux travaux et publications : dans les années 70, Samuel et Elisabeth Corson, psychiatres américains, poursuivent les travaux de Levinson en étudiant un groupe de malades auquel un chien est confié, constatent une baisse significative de l'utilisation de psychotropes et indiquent que les effets de la médiation animale perdurent après les séances ; à la même époque, en France, le vétérinaire Ange Condoret se passionne pour les relations qui peuvent se nouer entre les enfants et les animaux et met au point une méthode où de jeunes enfants atteints de troubles de la communication sont  mis en contact avec des animaux afin de les stimuler et de les rassurer.
A noter également que dans ces mêmes années, un premier centre de détention ouvrait ses portes aux animaux (« Oakwood Forensic Center », Etats-Unis), avec pour constat une baisse de violence, de colère, de stress et de tentatives de suicide..

De nos jours, de nombreux spécialistes, institutions et organisations poursuivent différents programmes et études et œuvrent au développement, à la reconnaissance et aux bonnes pratiques de la médiation animale (respect des bénéficiaires, qualification des intervenants, professionnalisation, …).

Quels sont les fondamentaux de la médiation animale ?

La médiation animale s'articule autour de plusieurs concepts :

- la relation d'aide telle que définie par Carl Rogers (psychologue américain), au sein de laquelle l’aidant est essentiellement tourné vers l’autre, pour amener une personne en difficulté à mobiliser ses ressources pour mieux vivre une situation. La personne accompagnée peut accéder à ses ressources si elle se sent comprise, acceptée, non jugée ;
-  la théorie de l'attachement (relation secure), développée par le psychiatre et psychanalyste britannique John Bowlby, champ de la psychologie qui traite d'un aspect spécifique des relations entre êtres humains ;
- les compétences-socle ainsi nommées par Hubert Montagner (psychophysiologiste dans le champ du développement, du comportement et des rythmes de l’enfant) car elles constituent le socle du développement affectif, émotionnel, social et cognitif de tout être humain, depuis l'enfance.

 

La spécificité de la médiation animale repose sur la relation triadique développée par Véronique Servais, psychologue de formation, professeur en anthropologie de la communication, qui explique notamment que la mise en contact avec un autre est à la fois différente parce que « l'autre » n'est pas un humain, mais il est suffisamment proche parce que vivant.
Dans cette relation, il s'agit de rechercher et construire des interactions et une réciprocité entre l'animal, le bénéficiaire/public/participant, et le binôme constitué par le référent du participant et l'intervenant en médiation animale (IMA).

 

La condition sine qua non de cette relation repose sur le volontariat : des animaux, du participant et du référent.

Le binôme IMA/Référent repose avant tout sur la complémentarité. Le référent est un lien important pour l'entrée en relation avec le public qu'il connaît bien (quotidien, vécu, pathologie) ; il est porteur des objectifs définis avec l'équipe pluri-disciplinaire.